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Les Poèmes


Au cours de sa carrière, Jack HENRY a écrit de nombreux poèmes, souvent humoristiques
(voire sarcastiques), parfois tendres ou nostalgiques.

En voici quelques échantillons, tirés de 2 plaquettes qu’il avait éditées.


LES VIEUX CONS

Quand j'avais dix-sept ans j'observais sans façons
Les parents de mes potes, âgés de quarante ans
Et je disais tout bas, fort impertinemment:
"Moi, quand j'aurai leur âge je serais pas si con"

Une fois les vingt passés, quarante ans viennent vite
Mais on se trouve jeune. On est un vrai faucon !
On regarde de haut, car on devient presbyte
Ces plus de soixante ans qui vivent comme des cons.

Et voilà soixante ans ! Eh bien oui, ça arrive,
Une chose est certaine, il faut que je l'écrive
En voyant nos aînés et leurs quatre-vingts piges
Se porter com' des charmes... j'ai un peu le vertige
Et je me dis alors inversant la chanson:
"Pourvu qu'à cet âge-là je ne sois pas plus con"

Vous qui croyez que la jeunesse est éternelle
Envers tous ces vieux cons ne soyez pas cruels.
Vous qui avez trente ans, souvenez-vous en bien
Car vous êtes déjà des vieux cons... pour quelqu'un



Il jure que ça s’est vraiment passé comme ça !

Vous y croyez vous ? Les spectateurs, eux y croient… avant les deux derniers vers.



LA PREMIERE FOIS

Je me souviens de ma première expérience :
J’entrais dans cette pièce, ému c’est l’évidence,
Longuement j’hésitais tournant et retournant
L’objet de mon pouvoir entre mes doigts tremblants.
Je le glissais dans son env’loppe protectrice
Doucement pour garder sa force créatrice.

Elle était déjà là et je la découvrais
En écartant le voile qui d’elle me séparait

Sa fente m’appelait mais j’hésitais encore
Aurais-je enfin l’audace de faire cet effort ?

Maintenant j’étais là et j’insérais un peu
L’objet qu’elle attendait, je le poussais fougueux
Et puis le retirais car je n’osais lâcher
Cette chose qui pouvait pour elle tout changer
Respirant un grand coup... je le mis tout entier !

J’avais 18 printemps c’était une première
J’entendis une voix “ A VOTE...” dit le Maire




Jack HENRY affirme qu'il existe actuellement un "racisme" anti-fumeur.
Ce poème est à la fois une critique, un hymne au tabac, une crise de désespoir ?
A vous de juger...



C’EST PAS DEFINITIF

Un jour ma femme a dit”tu sais ça revient cher”!
“Vous allez mourir jeune” prédisait mon docteur
“Peut-être d’un cancer ou d’une maladie d’coeur”.
Dans certaines réunions on m’regardait d’travers
Quand soudain de ma poche je sortais mon briquet
Tous les yeux des présents vers moi étaient braqués.
Pour une fois j’ai voulu que tout l’monde soit content
Mais à bien réfléchir était-ce bien prudent ?
J’ai arrêté d’fumer!

Soixante ans sous l’empire de l’herbe à Nicot
Soixante ans et vingt fois chaque jour ce même geste
Prendre une cigarette ! Alors d’une main leste
La porter à tes lèvres et puis moderato
Comme une symphonie sentir en toi venir
Lentement, puissament un énorme plaisir.
Si tu es en colère cette fumée te calme
Si tu es dépressif elle te donne sa flamme,
Si tu as des ennuis elle envahit ton âme
Et te redonne envie de foncer à nouveau.
Si tu n’as pas d’idée un tout petit mégot
Excite ton cerveau, te voilà productif
Grâce à la cigarette tout devient positif
Et comme un con hélas ! j’ai arrêté d'fumer !

Je suis d’accord, il ne faut jamais commencer
Mais après soixante ans sous l’emprise du tabac
Est-il bien prudent d’un seul coup de cesser
Ce qui a été pendant tout ce temps-là
Un plaisir , une drogue, même un médicament
Qui m’a aidé à vivre, à supporter le temps.
J’ai arrêté d’fumer mais j’ai la tête vide
J’ai arrêté d’fumer mais je pense au suicide
J’ai arrêté d’fumer, bientôt je vais mourir
Et si cela n’est pas à cause du tabac
Je mourrai d’autre chose, mais je mourrai voilà!

Je suis con ! Je n’aurai jamais dû arrêter de fumer
Je suis con ! Je n’aurai jamais du commencer à fumer




Nostalgie quand tu nous tiens...
Jack HENRY a connu le vieux quartier Montparnasse des années 50.
Il l'a gardé au fond du coeur (c'est l'un de ses premiers poèmes).


MA VIEILLE RUE

Ma vieille rue
Tu es toute nue
Toi que j'ai tant aimée
On veut te transformer.
A la porte tous mes amis,
C'est un scandale, ont été mis
Les maisons vides,
Les murs humides
Me font voir tristement
Combien est lourd le poids des ans.

Ma vieille rue
Tu es toute nue
Pourtant je me souviens
Comme nous étions bien
Quand rassemblés dans tes vieux murs
Nous rêvions à notre futur
Chantant la joie
Hurlant de foi.
Nos projets d'avenir
Sont à peine nés qu'ils vont finir.

Ma vieille rue
Tu es toute nue
Souviens-toi nous chantions
Entre copains une chanson
Qui parlait d'amour, d'amitiés,
Mais ces amours sont dispersés
Puisqu'aujourd'hui
Tous sont partis
Et demain, tu verras,
A ton tour tu disparaîtras.

Ma vieille rue
Qui était nue
Des gens t’ont repensée
Voulant te recréer
Tu es refait' toute en béton
Quarante étages t'écrasant.
Mais plus de vie
Mais plus d'amis
Ton âme disparue
Dans cet enfer ne revient plus

Ma vieille rue
Je suis r'venu
Mais je ne t'ai pas reconnue.




Là, c’est du Jack HENRY un peu spécial où il joue sur le double sens d’un mot...
Il aime ce poème... contrairement à beaucoup...


.............LA FUITE

Nous passons notre vie à fuir
Ca commence dès l’accouchement
Afin de plus vite en finir
Bébé avec ses vagiss’ments
Fuit du ventre de la mère
Pour aussitôt mouiller ses langes
Car il fuit de belle manière
Cet adorable petit ange.
Il fait la fortune en fuyant
De couch’culottes “petitcrado”,
Des changes qui sèchent en mouillant
Ou bien des slips “pipipopo”.
Plus tard il fuira sa famille
Pour en fonder une à son tour
Et vivra tout l’temps sur un gril
Pour colmater jour après jour
La fuite des tuyaux percés,
La fuite du pouvoir d’achat,
Celles des responsabilités
De ceux qui nous gouvernent, ou pas.
Le week-end il fuira la ville,
S’en ira au milieu des bois
Et là trouvera, immobile,
Un Tchernobyl qui rougeoie
Car la fuite des rayons merdiums
A fait crever tout’ la forêt.
Il retournera dans son hôme
Afin de mieux se protéger.
Mais la vie continuant à passer
Pour être dans l’coup il fuira
Toutes les spiritualités.
Vers ailleurs il exportera
Tous ses capitaux inavoués.
La fuite des secrets d’état
Dans un’prison l’amènera
De là, bientôt, il s’enfuira
Et c’est à ce moment-là
Qu’il aura envie d’en finir
Et il s’enfuira dans sa tombe
D’où il voudra bientôt s’enfuir

Mais une voix sortant de l’ombre
Lui tonnera dans les oreilles :
De là tu ne peux partir
Car, désormais, je te surveille,
Il ne te reste qu’un avenir
Où tu resteras sans bouger
Le temps tu ne pourras plus fuir
Car tu es dans l’éternité”.